Enfin, la sortie tant attendue du 2ème single
de la Bande Originale du Livre
Roue Libre en Kaléidoscope
"Wish for memories" de The Dusk
Réalisé par Thomas Theil
Ce second titre fait référence au premier chapitre du livre
où l'on découvre l'un des deux personnages central du roman :
Léopoldine.
Découvrez-le dans son intégralité :
Un anniversaire monochrome
" Cela fait dix jours que rien de vraiment
coloré n’a traversé la vie de Léopoldine. Ce désagréable constat l’imprègne dès
la sonnerie du réveil décuplant son vide chronique.
Elle se lève péniblement et tire ses
rideaux sur un petit matin tout gris et informe. Elle observe deux tourterelles
qui se partagent élégamment un quignon de pain humide. Elle écoute leurs
roucoulements bruns et ovales. Elle aimerait bien partager ses tartines, elle
aussi, avec quelqu’un en ce vendredi noir de juin.
Elle foule les lattes tièdes du parquet
de ses pieds nus jusqu’au salon, vide lui aussi.
Dans deux heures, elle a ce casting
vocal pour la pièce radiophonique de Federico García Lorca « La maison de Bernarda Alba ».
Elle a répété tard dans la nuit, se gargarisant des répliques de cette
grand-mère égarée dans ses délires érotiques. La tendance met à mal la
misogynie de l’auteur mais Léopoldine aime jouer ces rôles extravagants que
d’autres jugent délicats. Le fait de pouvoir user de son timbre rauque et des
consonances ibériques qui s’échappent involontairement de sa gorge est
libératoire et justifie à lui seul le désir de postuler, malgré les oppositions
grandiloquentes de son agent. Elle se demande d’ailleurs parfois à quoi lui
sert cet agent. A part se graisser la patte… Elle ne lui propose que des
projets d’un ennui ! Tous les rôles excitants, elle les a dénichés
elle-même. Au détour d’une rencontre, d’une annonce, d’un bruit qui court…
Elle a froid soudain. Nous sommes le
dix-sept juin et toujours pas le moindre signe d’un quelconque été. Elle
s’enroule dans un plaid en mohair vert canard et se recroqueville dans un de
ces deux fauteuils Club jaunes, un mug de café fumant à la main.
Dix-sept juin. C’est son anniversaire
aujourd’hui. Son véritable anniversaire. Dix-sept juin. Et même si le nombre
est lumineux comme un soleil accolé au plus joli mois de l’année drapé de la
somptueuse couleur de l’océan, ce sera un de plus pourtant qu’elle ne fêtera
pas car ce n’est pas celui indiqué sur son acte de naissance.
Léopoldine est née le dix-sept juin
2009 au CH d’Annecy Gennevois. Une fracture du bassin, deux au bras gauche, le
ménisque droit en miettes, une clavicule fêlée et un trauma crânien. C’est
pénible de naître dans de telles conditions parce que la vie débute par un combat
permanent et douloureux. Physiquement douloureux. Mais soigner ses os cassés
n’a pas été le plus compliqué. Non, le laborieux est venu après. De manière
bien plus violente.
Ses membres se sont ressoudés sans
trop de dégâts et, à part les jours de pluie, elle ne souffre presque plus.
Sa plus grosse séquelle est ce vide.
Ce vide immense qu’abrite son être. Un néant étranger, un trou noir
inexplorable, un abîme indomptable.
A son réveil, après dix jours de coma
artificiel, Léopoldine ne se souvenait de rien. De rien du tout. Ni de ses
parents, ni de ses amis, ni de sa maison, ni de ses études, ni de sa vie, ni
d’elle-même.
Officiellement, elle est née le dix-huit
septembre 1988 à 22h34, de Marie-Anne Chambeau-Fontaine et de Jean-Edouard
Fontaine. Or dans les faits, Léopoldine, elle, n’a que sept ans.
Elle choisit dans sa penderie une
longue robe noire boutonnée jusqu’au col, remonte ses cheveux de soie ébène en
chignon strict, enfile une paire de Derbies gris-bleu et casse ce style
entre-deux-guerres par une veste en jean neuve élimée.
Elle maîtrise son texte à la
perfection et fait rouler encore quelques répliques délirantes devant son
miroir en allongeant ses cils d’un noir profond. Ses yeux sont bleus. D’un bleu
translucide. Elle s’approche de son reflet et les scrute. Elle entre dans la
cornée, traverse l’iris, passe au travers du cristallin jusqu’à atteindre la
vitrée. Ensuite, comme toujours, impossible d’aller plus loin. C’est dans cette
antichambre qu’elle reste bloquée. Elle voudrait avoir accès à l’immensité de
son cerveau, à ce qui est là, forcément quelque part. Elle tente de progresser
encore, force, se concentre, ordonne à son regard de franchir cette muraille impénétrable…
Jusqu’à ce que sa vue se floute et se perde dans une buée blanchâtre
insaisissable. Et le vide remporte la bataille. Comme à chaque fois.
Ce rôle, elle doit le décrocher. L'atmosphère
cloîtrée de cette vieille demeure, ces femmes qui ne doivent songer qu'à leur
honneur, le mélange de l’exacerbation de leurs frustrations et de leurs
passions qui les conduisent jusqu'à la folie… Elle ne sait pas pourquoi, mais
il le lui faut. Il est fait pour elle.
Dans son dépouillement, quelque chose
lui souffle qu’il est un commencement, qu’il va tout chambouler."
Les coulisses du tournage
C'est toujours la talentueuse Marie Meunier
qui incarne pour ce second clip notre héroïne amnésique.
qui incarne pour ce second clip notre héroïne amnésique.
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L'équipe tournage au grand complet |
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Maquillage |
Début du tournage |
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Les aléas de la météo |
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Léopoldine après l'accident |
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... Et son vide chronique |
Un immense merci à The Dusk
pour leur talent et leur professionnalisme.
Un grand bravo à Thomas Theil, le réalisateur
pour son implication et le temps qu'il nous a accordé.
Si vous souhaitez découvrir la BOL dans son intégralité :
Et si le roman vous tente :
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