
J’ai eu la chance de lire ce roman en
bêta-lecture, et ce fut un bonheur en tant que lectrice. Moi qui ai lu
les deux premiers romans de l’auteur, je note une évolution intéressante
dans l’écriture : plus condensée tout en restant très riche, l’intrigue
se perd moins dans les détails et est d’une grande précision.
Sur le genre en lui-même, il est
difficile de trancher. Il ne s’agit pas, contrairement à La vie rayée,
d’un feel-good, malgré un certain optimisme qui prend le dessus au fil
des pages. Il ne s’agit pas non plus véritablement d’un drame, bien que
certains événements passés soient dramatiques. L’auteur a distillé un
côté roman noir bien dosé, sans que ce soit pour autant un roman
suspense.
Bref, c’est inclassable et formidable.
Les thèmes abordés ? L’auteur s’est
amusée en détaillant des thématiques rares en littérature, voire
inédites, comme la synesthésie, sujet dominant du livre. Celle-ci est
présente en permanence sans qu’elle soit nommée clairement (elle ne l’est que tardivement dans le récit), de manière très subtile.
Il y a derrière l’intrigue en elle-même
des sujets très techniques, spécialisés et passionnants à découvrir :
la mémoire et sa rééducation, notamment. De même pour les mots
inappropriés, qui donnent au récit et au personnage de Léopoldine un
caractère pétillant et imprévisible.
Les
personnages sont bien construits, attachants, surtout Marceau et Léo
ainsi que la description d’Alexandra et de son milieu modeste,
description que j’ai trouvé très juste et humaine. Le lecteur
s’identifie facilement aux personnages principaux (à titre personnel, je
me suis retrouvée dans les deux, peut-être davantage dans Marceau).
Ne
faisons pas fi de certains scènes, dures, violentes, qui révèlent une
noirceur inattendue et une grande pudeur dans l’écriture, laquelle dit
tout sans jamais être dans l’excès. C’est un roman vraiment atypique,
avec une tendance à associer dans les dialogues des verbes qui ne sont
pas normalement des verbes de dialogue (« tend-elle son verre », etc).
Ce qui pourrait sonner faux donne au final une tonalité un peu étrange,
ce qui correspond aux personnages.
Quant au
dénouement, je ne peux pas dire s’il m’a surprise car, c’est là mon
vilain défaut, la curiosité m’a prise et j’ai triché dès le début en
allant voir directement la fin !
Concernant
l’épilogue, j’ai toujours un peu de mal avec la fin… (Oui, moi je suis
une vilaine qui aime bien quand tout finit mal ou, pire encore, quand le
lecteur demeure dans le flou). Et je trouve que cela dénote un peu avec
le reste du roman. Mais cette réflexion-là reste très subjective, et je
pense que la très grande majorité des lecteurs apprécieront
l’épilogue.
En bref, un très beau livre à
lire dès maintenant. Sacha Stellie aborde un aspect plus sombre de son
univers, tout en gardant ce qui fait sa plume : un monde coloré et
pétillant, des amis, des rencontres et le sens du partage.
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