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pour célébrer le Printemps
Roue libre en kaléidoscope
Chapitre 31 : Les doigts
xylophones
Il
est onze heures lorsque Léopoldine ouvre les yeux. Une douleur sourde lui
enfonce l’avant du crâne. Elle s’étire avec difficulté et étend son bras. Le
lit est vide. Elle s’assoit brutalement et essaie de se souvenir. Aïe… Oh ma tête… Et avant même qu’un
quelconque souvenir ressurgisse, c’est la panique qui prend le contrôle sur
tout son corps. Et elle se met à se détester. Voilà ! Voilà pourquoi elle
ne doit pas boire. Jamais ! Comme si ça ne lui suffisait pas de ne pas se
souvenir de ses vingt premières années. Quelle petite écervelée ! C’est
bien le mot, tiens ! Elle se balance en arrière et souffle tout son soûl,
les cheveux enfoncés dans l’oreiller à rayures.
–
Bonjour…
Damien…
Le rendez-vous, sa trouille, ses questions, les réponses, le bar 1, le bar 2,
le bar 3, le restau, Marceau, un bar 4 ? Son appart, l’amour, ses baisers,
ses cheveux… Ce qu’elle le trouve beau avec sa tasse de café à la main. Il
ressemble à un matin de printemps. Et elle, de quoi peut-elle bien avoir l’air ?
–
Bien
dormi, ravissante jeune fille ?
Ravissante ?
C’est le plus joli qualificatif qu’on ne lui ait jamais attribué. Elle a
parfois essuyé des « bonne », a connu des « tankée », a
entendu un « jolie » une fois dans la bouche d’Arthur mais alors
« ravissante », jamais !
Damien
s’est assis sur le rebord du lit et lui embrasse l’épaule avec délicatesse. Il
caresse ses cheveux et lui remet une mèche en place. Le cœur de Léopoldine est
au bord de l’évanouissement.
–
Je
crois que je te trouve encore plus belle qu’avant, Léa. Plus femme peut-être,
tout simplement.
Léa
en pleurerait, alors elle se cache au creux de ses bras et se pelotonne contre
lui.
–
Je
vais être obligé d’y aller, je dois aller récupérer mes filles. Mais prends ton
temps, tu es ici chez toi. Tu n’as qu’à claquer la porte en partant…
Déjà ?
Il part déjà ? Ah oui, elle se souvient maintenant. Sa femme, ses deux
petites filles, son divorce… Elle s’écarte légèrement et cherche son regard.
–
J’aimerais
te revoir Damien, lance-t-elle comme on fait quand on se jette dans une eau que
l’on sait trop froide.
Damien
expire lentement.
–
Justement,
je n’ai pas été entièrement honnête avec toi. Il faut que je t’avoue quelque
chose. Mais après ça, je doute que tu aies encore envie de me revoir. C’est
certainement pour cela que je n’ai pas eu le courage de te le dire hier soir…
–
Tu
m’inquiètes Damien… se grignote-t-elle la lèvre supérieure.
Il
se lève et va s’appuyer contre le rebord de la fenêtre, il croise ses jambes et
ses bras. Que lui avait-il caché ? Elle se met à réfléchir à mille à
l’heure, tout s’emmêle et se court-circuite. Elle entend une radio aux ondes
brouillées et voit des écrans cryptés. Un goût détestable de citron vert
fermenté inonde sa gorge.
[…]
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